Biographie
Tsunami, pandémie, attentat, guerre, menace nucléaire. Les catastrophes égrenées à
longueur de journaux semblent s'emballer. L'il se rive, sidéré, sur les mêmes images
répétées à l'envi ; les chaînes d'info en continu, comme les fils Twitter qui ressassent
les dépêches AFP, en disent à la fois trop et pas assez.
Comment appréhender et dire les catastrophes ? Que font-elles au langage ? C'est
cette brèche entre les mots et les choses, propre à la violence subie de l'épreuve,
intime comme collective, que François Laplantine tâche ici de circonscrire. Si, selon la conclusion du Tractatus, « ce dont on ne peut parler, il faut le taire », Wittgenstein luimême n'a-t-il pas proposé de le montrer ? Dans cet essai, François Laplantine le prend au sérieux et explore, du buto à Beckett, des films sur la Shoah à Maguy Marin et Antonin Artaud, comment la création montre ce qui résiste à être dit. Les formes artistiques explorées signalent alors des voies permettant d'éviter les écueils du silence mais aussi du catastrophisme tapageur. Ce que peut le langage, mais aussi ce qui l'excède.
Détail
« Davantage qu'un thème de réflexion ou un objet d'étude, le petit s'impose à moi aujourd'hui comme une exigence de la connaissance précise. Il concerne presque tout ce que les sociétés contemporaines - notamment à travers le prisme des mass media - rejettent, écrasent, refoulent ou projettent ailleurs? » Que n'entend-on plus, recouvert par les discours qui conditionnent nos visions et perceptions, et qui pourtant nous apprend à reconnaître et percevoir de subtils mécanismes, liens, arrangements humains ? En relisant Flaubert, Kafka, Tchekhov ou Clarice Lispector, en s'attardant sur quelques plans filmés par Bresson ou Jahar Panahi, François Laplantine nous montre comment littérature et cinéma sont, à l'instar de l'ethnographie, un mode de connaissance micrologique. Délaissant les grandes explications et les grands mots qui font immédiatement sens, il est attentif aux petites liaisons et aux minuscules graduations que l'on peut observer dans des comportements en apparence anodins, mais qui pourraient bien avoir des implications éthiques et politiques. C'est à travers la concentration et la concision du minuscule (le pas, le peu, le moins) que se profilent non pas un espérance (un mot beaucoup trop grand), mais de petites bribes de sens. Beaucoup plus que dans des «idées», des «contenus», l'enjeu de ce livre s'esquisse aussi dans son écriture.François Laplantine est anthropologue. Professeur d'ethnologie à l'université Lyon II, il est l'auteur de nombreux ouvrages parmi lesquels Anthropologie de la maladie (Payot), Transatlantique, entre Europe et Amériques latines (Payot), et en collaboration avec Alexis Nouss, Métissages, de Arcimboldo à Zombi (Pauvert).
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