Diderot

Si l'importance de Diderot nous paraît aujourd'hui égale à celle de Voltaire ou de Rousseau, il n'en allait pas de même pour ses contemporains ni pour les générations suivantes : rares sont les critiques qui, vers 1850 encore, acceptent de l'inscrire parmi les grands auteurs du siècle précédent. Sa disparition, en 1784, est loin de soulever la même émotion que celle, quelques années auparavant, de Voltaire et de Rousseau. La réputation de Diderot est alors celle de l'organisateur, avec d'Alembert, de l'Encyclopédie, d'un auteur de théâtre contesté et de quelques textes scandaleux à divers titres. Écrivain de second plan, matérialiste et athée de surcroît. Ce que le public connaît alors de lui ne représente qu'une part bien mince d'une production dont l'essentiel demeure ignoré, sinon des quelques abonnés privilégiés de la Correspondance littéraire de Grimm. Rendu prudent, après 1749, par un séjour au donjon de Vincennes, Diderot s'est gardé de publier ses Šuvres les plus originales ou les plus subversives. Aussi l'histoire de sa renommée est-elle liée à la révélation, tout au long du 19e siècle et même du 20e, d'Šuvres essentielles demeurées inconnues de ses contemporains, qui n'ont pu se faire de lui qu'une image tronquée. Le lecteur suit ici, dans les textes relatifs à sa réception, la longue histoire de la découverte progressive de l'Šuvre et la pensée de l'un des maîtres des Lumières.