Biographie
Marie-France Houdard est ethnologue. Spécialiste des sociétés paysannes (Limousin, Pérou, Mexique...), elle vit en Corrèze depuis de nombreuses années. Elle est l'auteur d'ouvrages qui font référence sur l'évolution de la société limousine : Pays et paysans du Limousin, Comprendre le pays limousin, Des Andes au Limousin, Arbres de Mai, Le secret de la rouelle...
Détail
Pour comprendre ce livre au titre énigmatique, La jument dessillée, observez bien sa couverture. En quatrième, une photo de classe et ses 23 fillettes, et une ardoise : nous sommes dans une école d'Algérie en 1953. Les fillettes sont indigènes, pour ne pas dire musulmanes, sauf une petite blonde, à gauche, l'auteure de ce livre.
Retournez-le. En première couverture : trois symboles religieux, celui de chacun des monothéismes : juif, chrétien, et musulman. Au centre une chaîne et son pendentif : une «main de Fatma«, symbolisant la femme en Islam. Au-dessus, un sous-titre : Cris féminins et regards lucides sur Dieu Un et les femmes. Vous avez compris.
Reste le titre. Cette jument était celle de la jeune Germaine Tillion, en mission ethnologique dans les Aurès, celle qui la menait de lieu en lieu à la découverte de ses habitants et de leurs traditions. Solitaire sur son dos, sans doute l'ethnologue confiait-elle à sa monture, au long des chemins de sable et de pierres, tout le fruit de ses réflexions sur le monde, car l'ethnologie, lui explique-t-elle, « dessille » les yeux, donne de bonnes lunettes pour comprendre les sociétés. A moi aussi, l'ethnologie a ouvert les yeux.
A travers des monologues, voire des cris de femmes, alternant avec des réflexions de fond, où elle donne la parole à de nombreux chercheurs sur : les croyances, l'origine des religions, leur utilisation..., l'auteur a voulu explorer la place à laquelle le Dieu unique des monothéismes a assigné les femmes, et la raison des violences contemporaines qui s'expriment en son nom.
Un livre qui parle, qui interpelle, qui questionne et qui, elle l'espère, « dessillera les yeux » de ceux qui les avaient encore cousus, comme ceux des faucons de dressage dont on décousait enfin les paupières avant de les lancer ver le ciel.
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