Biographie
Né à New York en 1843, mort à Londres en 1916, Henry James qui prit la nationalité anglaise un an avant sa mort, est l'écrivain qui a dépeint le plus finement la distance, qui n'a cessé depuis de s'élargir, entre l'esprit européen et la sensibilité américaine. C'est à Londres où il s'établit à partir de 1876 qu'il écrit ses plus grands chefs-d'oeuvre. Une série d'études sur la femme américaine dans un milieu européen fut inaugurée par Daisy Miller (1878). Le thÚme opposant innocence américaine et sophistication européenne se retrouve dans Les Européens (1878), Washington Square (1880), Les Bostoniennes (1885) et « Reverberator » (1888) et atteint sa conclusion avec Les Ambassadeurs (1903) où la civilisation est définie comme « la tradition ininterrompue de culture que l'Europe occidentale hérita du monde antique ».
La Différence a publié en poche dans « Minos » : « Reverberator », Une vie à Londres, L'Autre Maison, Heures italiennes, Esquisses parisiennes, Le Sens du passé et La ScÚne américaine.
Détail
Sous ce titre métaphorique, Henry James devait composer en 1903 un très singulier colloque sentimental qui est, en même temps, l'une de ses nouvelles les plus abouties.
Au hasard d'une rencontre dans une somptueuse demeure londonienne où rayonne la poésie de l'histoire, John Marcher éprouve soudain, face à May Bartram, le sentiment de retrouver le fil d'une histoire dont il aurait manqué le début. Pour quel mystérieux accomplissement Marcher a-t-il si soigneusement préservé sa solitude ? Quel secret s'apprête à surgir de leurs entretiens ? La révélation viendra, tardive, tragique, irrémédiable : « Les mots qu'elle avait dits lui revenaient, la chaîne s'allongeait indéfiniment. La bête avait été aux aguets, et la bête, à son heure, avait bondi ; elle avait bondi dans ce crépuscule d'avril frileux où, pâle, malade, minée, mais suprêmement belle et peut-être encore guérissable, May s'était levée de sa chaise pour se montrer à lui et l'inciter à deviner. Comme il ne devinait pas, la bête avait bondi ; elle avait bondi au moment où, perdant tout espoir, la jeune femme se détournait de lui. Il avait justifié ses craintes et accompli son destin ; il avait été défaillant, avec la dernière exactitude, partout où il était dit qu'il le serait ; et un gémissement monta à ses lèvres comme il se souvenait qu'elle avait prié le ciel de lui épargner de jamais savoir. » Par son thème et sa composition, La Bête dans la jungle se prêtait admirablement à la transposition scénique. L'expérience fut tentée avec bonheur, notamment par Marguerite Duras en 1962.
C'est cette version qui a été interprétée à nouveau à l'automne 2004 par Fanny Ardant et Gérard Depardieu.
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