Biographie
Henri Meschonnic est né à Paris en 1932 de parents juifs russes venus
de Bessarabie en 1924. Enfant caché pendant la guerre, il poursuit des études de
lettres. Il effectue son service militaire en 1960 durant la guerre d'Algérie dont témoi-
gnent ses premiers poèmes parus dans la revue Europe en 1962. Il est mort en 2008.
L'apprentissage de l'hébreu pendant la guerre d'Algérie le mène à réfléchir sur
le rythme et sur la théorie générale du langage. Il enseigne la linguistique à l'université
de Lille (1963-1968), puis participe avec Gilles Deleuze et Michel Foucault à la création
du Centre universitaire expérimental de Vincennes. Il enseigne jusqu'en 1997 à Paris 8.
Henri Meschonnic propose de considérer la notion de sujet comme une activité
spécifique d'un discours. Partis de la théorie du langage, ses essais se sont ainsi éten-
dus au champ du politique, de Critique du rythme, anthropologie historique du lan-
gage (1982) et Critique de la théorie critique, langage et Histoire (1985) à Politique du
rythme, politique du sujet (1995). Sa pensée s'est précisée au contact de quelques
grandes figures de la philosophie (Spinoza poème de la pensée, 2002 ; Le langage Hei-
degger, 1990 ; Heidegger ou le national-essentialisme, 2007), de la littérature (Mallar-
mé au-delà du silence, 1986 ; Hugo, la poésie contre le maintien de l'ordre, 2002) et de
la culture européenne (Modernité modernité, 1988, et L'Utopie du Juif, 2001).
Détail
L'utopie du Juif ? Que voulez-vous dire par là ? Justement, par là, j'essaie de comprendre la logique qui relie certaines questions : que fait le théologico-politique à la pensée ? que fait l'absence du rythme à la pensée du langage ? que fait le divin au langage ? et le sacré au divin ? et l'éthique à l'histoire ? On dira : qu'y a-t-il de juif là-dedans ? Justement, c'est une question aussi. Peut-être une des questions que cache la question juive. J'en ajoute une autre, en forme de parabole, dans l'éternel tourniquet entre le particulier et l'universel : et si le rythme était le juif du signe ? le juif du juif ? Pour montrer l'impensé de l'herméneutique juive : son indifférence générale au rythme dans la Bible. À part Abraham Ibn Ezra et Juda Halévi. Parce qu'elle est une herméneutique, elle présuppose le dualisme du signe et ne voit pas que le rythme dans la Bible contient, c'est son utopie, de quoi déstabiliser toute la représentation commune du langage. Déstabiliser pour tenir d'une main forte ensemble le langage, le poème, le sujet, l'éthique et le politique. Dans leur historicisation. C'est la poétique du divin, l'utopie. D'où son regard sur les idolâtries. Son incongruité : et si nous n'étions pas vraiment encore sortis d'Égypte ? Une erreur parmi d'autres. Le lieu de cette utopie : le conflit du poème avec le théologico-poétique. Henri Meschonnic écrit des poèmes, réfléchit sur le langage, et traduit la Bible. Parmi ses essais : Critique du rythme Verdier 1995), Le langage Heidegger (PUF, 1990), Politique du rythme, politique du sujet (Verdier, 1995), Poétique du traduire (Verdier, 1999). Parmi les livres de poèmes, les deux derniers : Combien de noms (L'improviste, 1999), Je n'ai pas tout entendu(Bernard Dumerchez, 2 000). Parmi ses traductions : Les cinq rouleaux (Gallimard, 1970) et Gloires (traduction des psaumes, Desclée de Brouwer, 2001).
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