Nous avons coutume d'envisager la production académique comme une « peinture à sujets », idéologique par son contenu, transparente quant à sa forme. Il est vrai qu'elle affecte une exactitude photographique. Mais la photographie ne s'est-elle pas réglée d'emblée sur des normes académiques de représentation ? Pour prévenir toute pétition de principe sur une objectivité décidément introuvable, il convient de renverser la perspective, et d'envisager l'« effet de réel » lui-même comme le grand fantasme idéologique de notre culture. Rien n'échappe à l'impérialisme de la visibilité spéculaire. Ainsi, on parle ... Lire la suite
Historien de l'art, conservateur au Musée cantonal des Beaux-arts de Lausanne de 1955 à 1975. En 1976, il est à l'initiative de la création de la Collection de l'Art Brut à Lausanne dont il prend la direction jusqu'à sa retraite en 2001. Professeur honoraire à l'Université de Lausanne, Michel Thévoz a publié une vingtaine d'ouvrages, parmi lesquels, à La Différence, Requiem pour la folie, Art brut psychose et mediumnité, Le miroir infidèle (Éditions de Minuit, 1996), et L'esthétique du suicide (Minuit 2003) ainsi que de nombreux articles concernant principalement l'Art Brut.
Caractéristiques
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Date Parution
01/03/1981
Collection
Critique
EAN
9782707303189
Nb. de Pages
168
Caractéristiques
Editeur
Minuit
Poids
212 g
Présentation
Grand format
Dimensions
22,0 cm x 13,5 cm x 0,9 cm
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Livre numérique
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Détail
Nous avons coutume d'envisager la production académique comme une « peinture à sujets », idéologique par son contenu, transparente quant à sa forme. Il est vrai qu'elle affecte une exactitude photographique. Mais la photographie ne s'est-elle pas réglée d'emblée sur des normes académiques de représentation ? Pour prévenir toute pétition de principe sur une objectivité décidément introuvable, il convient de renverser la perspective, et d'envisager l'« effet de réel » lui-même comme le grand fantasme idéologique de notre culture. Rien n'échappe à l'impérialisme de la visibilité spéculaire. Ainsi, on parle de peinture « littéraire » à propos de l'académisme, dans le temps même où des analyses sémiologiques établissent que le code de référence de la littérature réaliste est toujours pictural. Cette présomption mutuelle d'objectivité que les arts plastiques et la littérature s'offrent tautologiquement procède effectivement d'un système de récurrence généralisée constitutif du mirage réaliste. La peinture académique peut être alors interrogée comme le paradigme grossissant de ce dispositif spéculaire - ce que tente ce livre, à propos du peintre Charles Gleyre. Son tableau Les illusions perdues, mettant en scène les rêveries d'un poète aveugle, a bouleversé le public du Salon de 1843. La cécité hystérique de Gleyre lui-même, dont les tableaux apparaissent comme autant de fantasmes substitutifs, traduit électivement ce qu'avec Sartre on pourrait appeler une « névrose objective ».
La réimpression de ce livre, épuisé de puis plus de 10 ans, est liée à l'exposition sur Charles Gleyre qui se tiendra au musée d'Orsay du 30 novembre 2015 au 13 mars 2016. Vous trouverez au verso le texte de présentation de cette exposition.
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