Biographie
1900-1977
« Des mois avant / En plein printemps / Il y a eu / Un feu d'artifice entre mes parents ».
Ainsi Prévert commente-t-il sa conception ... Il est né avec le vingtième siècle dans un milieu petit-bourgeois qu'il tournera en dérision. Avec son frère Pierre, qui deviendra cinéaste, il formera, par contre, un tendre et complice tandem.
Incorporé en 1920, il fait la connaissance du peintre Yves Tanguy et de Marcel Duhamel. A Paris, deux ans plus tard, il s'installe rue du Château et c'est la rencontre des surréalistes Desnos, Aragon, Leiris, Artaud mais certains conflits avec A. Breton entraîneront une rupture.
Prévert devient de 1932 à 1936 l'auteur-animateur du groupe Octobre pour jouer dans les usines. Il écrit des pièces « en quelques heures », dictées par les événements, dénonçant l'industriel Citroën ou le préfet de police.
« Un jour le cinéma se mit à parler Prévert », a dit un critique. En 1936, Jenny, le premier film avec Marcel Carné inaugure une carrière de scénariste marquée par des chefs-d'uvre comme Drôle de drame (1937), Quai des brumes (1938), Les visiteurs du soir (1942), Les enfants du paradis (1945). Prévert sera l'auteur de plus de 40 scénarios pour Marcel Carné.
Il se décide à publier ses poèmes en 1946 dans Paroles. Il y dénonce la bêtise, l'injustice, la cruauté, la guerre mais sait aussi raconter les plaisirs simples et l'amour. Joseph Kosma met en musique certains textes qui deviennent des succès fredonnés par tous comme Les feuilles mortes, Les enfants qui s'aiment, que chantent Yves Montand, les Frères Jacques, Germaine Montero, Catherine Sauvage.
Dans Fatras, le poète écrivait: "Bien sûr, des fois, j'ai pensé mettre fin à mes jours, mais je ne savais jamais par lequel commencer." Le 11 avril 1977, la mort a choisi pour lui.
Ironique et hostile à toutes les formes d'oppression sociale, sa poésie reste toujours légère, burlesque et tendre. Fidèle à la tradition anarchisante du début du siècle, Prévert s'est montré violemment anticlérical:
Notre Père qui êtes aux cieux
Restez-y
Et nous nous resterons sur la terre
Qui est quelque fois si jolie
(Paroles,1946)
Détail
« La combinaison photographie-poème crée une émotion au-delà de toute parole » Charlie Chaplin (bouleversé par ce livre consacré à sa ville natale).
« Londres est une île de l'Angleterre / entourée d'eau d'herbe et de sang ». Cette « ville archipel », Prévert et Izis l'ont arpentée ensemble pendant des semaines, de la Tour à Picadilly, de Trafalgar Square à Hyde Park, de White Chapel à l'East End. Ensemble, ils se sont nourris d'images, d'odeurs, de sons, de musiques, d'espaces, de visages. Ensemble, ils ont accumulé un trésor qu'ils n'ont pas gardé pour eux, qu'ils ont généreusement déposé sur le papier : « la substance lyrique de cette ville », dira Pierre Mac Orlan en découvrant l'ouvrage.
Charmes de Londres, hymne aquatique sous l'égide de Haendel. Hymne à la Tamise, au port, et aux quartiers pauvres. Hymne de pluies, de brumes et de lumières « tamisées » pour noyer les chagrins, la misère et les fantômes (celui de Jack l'Éventreur et celui d'Henri VIII). Hymne à tout ce qui vit là où s'obstinent à y survivre tant bien que mal les arbres et les animaux, les enfants et les vieillards, les musiciens des rues et les oiseaux, les fontaines et les rêves des artistes (ceux de William Blake, de Thomas de Quincey et de Lewis Carroll). Hymne poétique et photographique. Évidence des mots de Prévert et des images d'Izis : au début des années 1950, Londres est déjà la banlieue du monde.
Charmes de Londres n'avait jamais été réédité depuis 1952. Il était introuvable depuis plus d'un demi-siècle.
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