Sousa Mendes, le consul de Bordeaux ; regards sur la Belgique et l'Europe au XXe siècle

Influencé par Franz Kafka, Mertens commence à publier romans et nouvelles en 1969 et reçoit le Prix Médicis en 1987 pour "Les éblouissements". Il poursuit néanmoins ses activités de juriste, attentif aux combats pour les Droits de l'Homme. En 1989, il entre à l'Académie royale de langue et littérature de Belgique. Il est également nommé Chevalier de l'Ordre des Arts et des Lettres de la République française.

Reconnu et engagé, Mertens a réfléchi sur la fonction sociale de l'écrivain. Pour lui, vie privée, fiction et Histoire sont indissociables. C'est ainsi qu'il accorde une place centrale à la mémoire: le romancier trouve la matiÚre de son oeuvre dans un passé personnel et historique. Lui même est particuliÚrement marqué par les activités de ses parents (un pÚre journaliste et mélomane, une mÚre biologiste et pianiste), par l'occupation allemande, l'exécution des Rosenberg ou encore la tragédie des mineurs de Marcinelle en 1956. Plus tard, l'observateur du droit international dénoncera le génocide au Biafra, la torture en Irlande et les prisons de Pinochet.

Dans ses romans, on retrouve, d'une part, l'influence de la musique par les leitmotive qui les traversent. Il est aussi l'auteur d'un livret d'opéra, "La passion de Gilles" (1982). D'autre part, ses voyages et sa formation universitaire lui permettent une ouverture à un univers plus large que son pays. Dans "Les Bons offices" (1974) et "Terre d'asile" (1978), par exemple, l'histoire belge est présentée sous le regard d'un étranger et prend un sens nouveau. Mertens voit d'ailleurs dans son pays une synthÚse fascinante des problÚmes européens.

Sur fond d'Histoire, les personnages de Mertens se reconstruisent aprÚs une cassure, une rupture, une tragédie. L'écriture fait entendre ce déchirement par la structure et le style: monologues délirants avec ellipses temporelles pour dire les contradictions de l'individu dans le monde. Le message est cependant positif: le doute est fécond, il ne doit jamais être source de résignation et il faut préférer l'homme de terrain aux cyniques. Quant à la littérature, son rÎle est primordial dans la lutte contre l'obscurantisme :

"Je m'en remets à la culture pour nous sauver. Le droit à la littérature est un droit de l'homme". P. Mertens
João Corrêa, portugais d'origine, est belge. il est l'auteur et co-auteur de longs-métrages dont certains sont devenus des classiques. La version française du film "Le Consul de Bordeaux" est sortie sur les écrans en 2013 et diffusée par la chaîne belge Club-RTL en 2017.