Biographie
Né à Billom le 10 septembre 1897
Décédé à Paris le 08 juillet 1962
Entré au séminaire à l'âge de vingt ans, Georges Bataille admet rapidement la faillite de sa vocation religieuse. Il se rend dès lors à l'école des Chartes pour y suivre une formation d'archiviste, enrichie d'une initiation à la psychanalyse et à la philosophie. La lecture des oeuvres de Nietzsche, la fréquentation des surréalistes et la rencontre de Laure le convainquent d'échapper à la médiocrité du monde par l'excès, la transgression et l'érotisme. Ces résolutions lui inspirent récits (L'abbé C.) et essais (L'expérience intérieure) qu'il rédige tout en poursuivant sa carrière de conservateur de bibliothèque. Grâce à l'aide de Roger Caillois et Michel Leiris, il a également fondé un collège de sociologie sacrée, ainsi que la revue philosophique 'Acéphale', militant pour une lecture non fasciste de Nietzsche. Ses oeuvres complètes, 'somme athéologique' , témoignent de son érudition et de la diversité de ses engagements: littérature, théologie, économie, politique, histoire de l'art, érotisme... Écrivain longtemps maudit, Bataille a été encensé à sa mort par une nouvelle génération d'auteurs et de philosophes, dont Philippe Sollers ou Michel Foucault.
Détail
«Parce que le rayonnement solaire est sans contrepartie, parce que le soleil donne la vie pour rien, à la surface du globe, pour la matière vivante en général, l'énergie est toujours en excès. Si l'univers se dilapide ainsi lui-même, l'homme ne peut être que prodigue, un rieur, un danseur, un donneur de fête. Seule son avarice d'être séparé le sépare de cette vérité solaire ; qu'il la nie, il ne peut cependant dépenser moins : il faut qu' une quantité déterminée d'énergie soit dépensée en pure perte. Ma volonté décide de la modalité, non de la quantité de la perte. En pure perte, ce peut être l' accroissement du niveau de vie mondial : la multiplication du luxe, ou ce peut être la guerre atomique. Si l'oeuvre entière de Bataille développe cette théorie de l'excès (part maléfique que nous tentons de dépenser pour le bien commun - Sur Nietzsche), La Part maudite devait en être l'exposé systématique, comme fondement de l'économie générale, science de l'usage des richesses. Un premier livre, La Consumation, parut en 1949. L' actualité (le plan Marshall, la guerre froide) l'inspire, mais cet ouvrage est d'abord le fruit d 'un long travail, dont ce volume retrace les étapes : La Limite de l'utile (1939-1945), fragments d'une version abandonnée aux marges de l'expérience intérieure, L'Économie à la mesure de l'univers (1946), notes préliminaires à la rédaction, enfin Théorie de la religion (1948), qui fait de la religion (fût-elle athéologique) l'ordinatrice de la dépense, en tant qu'elle est recherche de l'intimité perdue, effort de la conscience claire pour devenir en entier conscience de soi. Les Conférences et les Annexes (Sade et la morale, La Religion surréaliste, Les Problèmes du surréalisme, une Notice autobiographique) qui complètent ce volume annoncent la suite, restée inédite, de La Part maudite : Histoire de l'érotisme (1951) et La Souveraineté(1954), qu'on trouvera dans le tome VIII de ces Oeuvres complètes, avec les Conférences sur le non-savoir.» Thadée Klossowski.
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