Biographie
Laurent Noël est peintre. Il vit et travaille en Anjou depuis plus de 25 ans. Il y a une dizaine d'années, des mots se sont infiltrés, d'abord dans ses carnets, puis dans ses peintures, en douce, évocations de ses histoires et ses sentiments de peintre naviguant entre toile et papier, entre l'encre orientale et l'huile occidentale, tiraillé par le temps et le travail. Depuis lors, ces mots prennent tantÎt la forme de calligraphies courant librement dans les toiles, entrelacées à ses thÚmes familiers (nus, arbres nus, son fleuve si proche, ses outils d'atelier), qui s'assemblent à ses fausses monochromies d'ocres, de bleus assourdis, de pourpres profonds, toutes de glacis et de subtils collages, tantÎt celle d'essais comme D'aprÚs nature, paru en 2002 - sur les rapports entre création personnelle et pédagogie - ou Les arriÚrepensées, regard rétrospectif sur son parcours et son engagement, prétexte à réflexion plus large sur la peinture. Une maniÚre de mener plusieurs vies, en équilibre sur des fils tendus entre peinture, gravure, écriture et enseignement.
Détail
L'estran est une lisière mouvante, imprécise, où se dépose provisoirement ce que l'océan veut bien y laisser. C'est un lieu de passage, où nos traces de promeneur seront effacées. C'est un lieu de fortune, où chacun vient chercher sa part de vivant. Il s'y joue le temps, la mémoire, la transition, la présence au monde. C'est là que Laurent Noël, touché lors de longues marches littorales par les formes entrevues dans le goémon d'épave - écritures, signes, sentiments mémoriels le renvoyant à sa propre histoire -, a engagé une nouvelle réflexion sur les rythmes de la nature, analogues, selon lui, à ceux de l'artiste au travail (recommencements incessants, variations sensibles, périodes, évolution en creux, vers l'intérieur, etc.). Les productions des « oeuvres de la nature » sont récurrentes (saisons, marées, jour/nuit, etc.), celles de l'esprit le sont souvent tout autant. Cycles naturels rapportés à notre humanité, à l'éphémérité, l'absence, le recommencement, la perte, le souvenir et la crainte de l'oubli, la mémoire des lieux, des êtres et des formes. C'est aussi une recherche sur le mouvement, celui des « gestes » de la nature (les dépôts d'algues tissées sont bien la «conséquence des gestes de l'eau») reliés à ceux de l'artiste-auteur, qui développera à l'atelier ou à la table d'écriture les notes manuscrites et dessinées relevées au jusant. L.N.
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