Biographie
Georges Vigarello est directeur d'études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales, membre de l'institut universitaire de France et Président du Conseil scientifique de la BibliothÚque nationale de France. Les titres de ses ouvrages trahissent ses préoccupations : le corps avec ses normes et les
pratiques destinées à l'embellir, à l'entretenir (parus notamment au Seuil : Histoire de la virilité, coauteur, 2011 ; Les métamorphoses du gras : Histoire de l'obésité du Moyen Ãge au XXe siÚcle, 2010 ; Histoire du corps, co-auteur, 2006 ; Histoire de la beauté : Le corps et l'art d'embellir de la
Renaissance à nos jours, 2004 ; Histoire des pratiques de santé. Le sain et le malsain depuis le Moyen Ãge, 1999; etc.).
Emmanuel Taïeb est Maître de conférences à l'Institut d'Études Politiques de Grenoble (laboratoire PACTE). Il travaille sur la violence politique, le biopouvoir, et sur diverses modalités de construction de l'information médiatique (rumeurs, propagande, conspirationnisme). Il est membre du comité de rédaction de la revue Quaderni, et responsable de la rubrique livres de sociologie historique de la Revue française de science politique. Il a codirigé récemment un numéro thématique de la revue Sociétés contemporaines sur « L'Etat et la mort » (n°75, 2009), une « Anatomie du dégoût » pour la revue Ethnologie française (2011), et a coordonné un numéro spécial de Quaderni (n°72, 2010) sur les « Propagandes en démocratie ».
Dominique Memmi, enseignante, anime de nombreux ateliers d'écriture et a créé le festival desvignesentreleslignes.com (Rencontres littéraires, Ânologiques et philosophiques). Elle a écrit et collaboré à de nombreux romans et ouvrages pour la jeunesse dont : « La Corse insolite et secrÚte », éditions Jonglez, 2019, traduite en allemand et italien en 2022, « Le voyage de la fanfare », éditions Materia Scritta, 2019, « Trois dames au clavier », éditions Est. Samuel Tastet, 2013, « Retour à Mouaden », éditions Colonna, juin 2012 (PRIX 2013 du livre insulaire d'Ouessant, catégorie fiction. Sélectionné par le réseau des bibliothÚques de la mairie de Paris), « Deux », éditions Albiana, 2001.
Détail
Corps du malade, du mourant, du mort, du pauvre : au coeur de nos sociétés contemporaines, des agents administrent pour le monde social et à sa place les marges de la vie biologique et sociale. Comment les pompiers, les travailleurs sociaux, les employés des pompes funèbres, les aides-soignantes, les infirmières et médecins se débrouillent-ils avec le sale boulot ? Parmi les émotions dont ils peuvent être affectés, il en est une, particulièrement archaïque, apparemment spontanée et difficile à réprimer : le dégoût. Il renvoie aux sensations du corps, mais recèle aussi une dimension sociale : pas seulement dégoût du goût des autres, mais peur de devenir comme eux, surtout s ils sont jugés socialement inférieurs. Le dégoût traduit une urgence à se séparer. Réaction somatique à la crainte du rapprochement physique et social, émotion mixophobe, le dégoût trace une frontière avec h Autre, révélant les inavouables sociaux de nos sociétés.
Cet ouvrage interroge ce que le dégoût fait aux interactions. On y découvre l'opposition radicale entre coulisses et scène, régie par l'autocensure professionnelle, et les mille stratagèmes permettant d'affronter ce qui révulse. Limitation du toucher, port de gants, lavage obsessionnel, embellissement du cadavre et toilettage des mots eux-mêmes, autant de techniques visant à mettre à distance la vie organique... des autres. Révélatrices d'une souffrance spécifique au travail, ces stratégies professionnelles avouent une ambivalence d'autant plus menaçante qu'elle semble de plus en plus indicible. Car secrété par le processus de civilisation, le dégoût est pris dans des interdits sociétaux incitant à le taire. Cela en fait un instrument d'autant plus précieux de lecture du monde social, Cet ouvrage apporte ainsi une contribution importante à l'histoire, à la sociologie et à l'anthropologie des sensibilités.
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