Biographie
Dorothé Zumstein a écrit une dizaine de piÚces, parmi lesquelles Big Blue Eyes (Mayday) (Comédie de Clermont-Ferrand, 2006), L'Orange était l'Unique LumiÚre, Never Never Never (Prix des Journées de Lyon des Auteurs de Théâtre, aide à la création 2012) et Mémoires Pyromanes (Prix des Journées de Lyon des Auteurs de Théâtre 2006). Toutes sont parues aux Editions Quartett. Elle a obtenu en 2012 une bourse du CNL pour Ammonite, écrite et présentée aux 40Úmes Rencontres d'été de la Chartreuse de Villeneuve-lÚs-Avignon (publiée en 2017 aux Nouvelles Ãditions Place). Outre de nombreux romans ou nouvelles (Joyce Carol Oates, Meg Rosoff, AM Homes, oeuvre théâtrale de Dan Fante.) elle a traduit plusieurs piÚces de Shakespeare pour la scÚne : Le Roi Lear et Richard III, mises en scÚne par Laurent Fréchuret et créées au CDN de Sartrouville, avec Dominique Pinon dans les rÃŽles-titres ; Macbeth, mis en scÚne par Eric Massé.
Fils d'un gantier devenu bailli de Stratford, Shakespeare put étudier, mais des revers de fortune familiaux et un jeune mariage semblent l'avoir conduit à arrêter. On le suppose établi à Londres dÚs 1588, mais sa réputation dramaturgique naît en 1592. Son premier mécÚne est le comte de Southampton à qui il dédie des poÚmes, genre dans lequel il excelle au vu de ses 'Sonnets' (1609). Il joue ses piÚces à la cour d'Elizabeth 1Úre, puis de Jacques 1er, ensuite il devient successivement actionnaire du théâtre du Globe et du Blackfriars (1608). En 1612, il rentre à Stratford. Auteur d'une oeuvre unique et intemporelle, il s'attacha à décrire les jeux du pouvoir et les passions humaines, mêlant joie et douleur, emprisonnant la vie dans ses vers. Les premiÚres oeuvres furent marquées par leur caractÚre historique ('Richard III'). A partir de 1594, il développa ses comédies ('Beaucoup de bruit pour rien') et délivre sa premiÚre tragédie majeure, 'Roméo et Juliette', qu'il fera suivre d''Hamlet', d''Othello' et du 'Roi Lear'. Sa derniÚre piÚce, 'La tempête', est une oeuvre remarquable, baignée d'ésotérisme.
Détail
Dorothée Zumstein semble la seule (ou du moins l'une des très rare) femme traductrice de Shakespeare en français. La seule qui soit éditée s'entend. Notons cela comme une étrange - pour le moins ! - étrangeté.
Qu'est-ce que traduire Shakespeare, et tout particulièrement Hamlet ? Dorothée Zumstein dit qu'elle fait, dans cette traduction, l'expérience d'une pensée fraîche comme une peinture, ça n'est pas sec, ça suinte et se cherche, ça hésite, ça trébuche bien souvent avant de reprendre son fil. Traduire alors c'est déplier cette pensée. Prenons la côte de Betagne : plus on utilise une petite unité de mesure, plus on peut aller dans recoins, ses anfractuosités, et plus la distance mesurée est grande. C'est le dépliement. On la replie ensuite pour qu'elle tienne sur la carte du randonneur. Il en va de même pour la pensée d'Hamlet, dépliée par le traducteur, puis repliée pour en retrouver toutes les fulgurances, et les rendre intelligibles au lecteur français.
Le pari est réussi. Car ce qui fait poésie dans la pièce c'est bien le travail de la pensée de Hamlet, cette pensée qui avance, et refuse de se conformer ou de se soumettre.
Alors voilà, moi qui ne suis pas un grand lecteur de Shakespeare, pour la première fois le monologue d'Hamlet m'est directement intelligible, je suis sa force, ses hésitations et ses doutes, clairement exposés, directement exposés, comme ils l'étaient sans doute pour le spectateur du XVIe siècle qui se précipitait voir ces intrigues de l'esprit et ces combats des armes.
suivi de Amlettino par Dorothée Zumstein :
« La découverte de Shakespeare - où la barbarie et l'humour cohabitent, où les crimes se déroulent sous nos yeux et non hors-champ ou en coulisse comme dans notre théâtre classique, où les morts sortent de leurs tombeaux pour désigner leurs assassins, et où la parole est souvent don- née à des personnages en proie à l'injustice ou au malentendu - a constitué un choc pour l'adolescente que j'étais. C'est qu'il y a - je crois - et bien au-delà de la question du genre - un rapport profond entre le personnage de Hamlet et l'adolescence, cette période où l'on s'attend vivre dans une longue impatience doublée d'une agitation permanente. Celle-ci fait terriblement écho à l'incapacité d'agir de Hamlet et à sa répugnance à prendre sa place dans le monde tel qu'il est - avec ce que cela implique à ses yeux de lâchetés, de compromission ou de trahison de soi. »
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