Détail
GUERRE ET CINEMA Logistique de la perception Paul Virilio Nouvelle édition avec postface de l'auteur Dans cet essai, Paul Virilio, l'auteur de La Machine de vision, introduit la question du champ de perception de la guerre, la manière dont les militaires ont su utiliser les techniques cinématographiques pour organiser et réorganiser sans cesse l'affrontement décisif.
Si très tôt, la caméra a pris place au-dessus du canon des mitrailleuses de la chasse aérienne pour faciliter, avec l'acquisition d'objectif, l'homologation officielle des ennemis abattus, c'est parce que, dès l'origine, la fonction de l'arme et celle de l'oeil se sont confondues dans la visée, l'oeilleton des fusils, les collimateurs de l'artillerie à longue portée. L'invention par Nadar, en 1858, de la première photographie aérostatique systématique lors de la Grande guerre, ont parfaitement illustré cette dimension cinématographique de destructions opérées à l'échelle de régions entières, incessant bouleversement d'un paysage qu'il fallait aussitôt reconstituer à l'aide de clichés successifs, poursuite cinématographique de territoires incertains où le film succédait aux cartes d'état-major...
La deuxième guerre mondiale devait encore accélérer cette mutation scénique. Avec les bombardements de nuit, l'utilisation de projecteurs, de bombes éclairantes, l'assaut devenait un ensemble d'effets spéciaux, une projection atmosphérique destinée à confondre les esprits d'une population apeurée, son et lumière d'une surprenante intensité où l'éclair nucléaire allait bientôt surexposer l'image de deux cités. Depuis ce jour crépusculaire, l'éclairage des conflits est devenu indirect, tout se joue désormais à la télévision, guerre des images où les séquences qui surgissent sur l'écran sont le signe de menaces apocalyptiques...
Paul Virilio, né en 1932, professeur émérite à l'Ecole Spéciale d'Architecture, est philosophe et urbaniste. Il a notamment écrit Bunker Archéologie (ed. Galilée, 1975, réédité en 2008), Esthétique de la disparition (éd. Balland, 1980), Un paysage d'événements (éd. Galilée, 1996), L'accident originel (éd. Galilée, 2005), Cybermonde, la politique du pire (éd. Galilée, 2007), L'université du désastre (éd. Galilée, 2007). La Fondation Cartier organise, du 21 novembre 08 au 15 mars 09, une exposition conçue par Raymond Depardon et Paul Virilio sur le rapport au natal, à l'enracinement, à la terre, en relation avec les questions identitaires. Cette exposition a donné lieu à un catalogue : " Terre natale, ailleurs comme ici ".
Se connecter
Créer un nouveau compte