Entre théâtre et performance : la question du texte

Joseph Danan entame son livre par une définition de la performance, au sens large et restreint, ainsi qu'une histoire de son évolution et de sa généralisation au sein des arts vivants, à travers de nombreux exemples : de Peter Handke (Outrage au public, 1966) à Romeo Castelluci (Inferno, Festival d'Avignon, 2008), en passant par Chris Burden (Shoot, 1971) et Marina Abramovic (Cleaning the mirror, 1995).
La "performance" apparait ainsi comme la production d'un acte vivant, éphémère, en interaction avec le public, qui rejette la mimèsis du théâtre classique et qui s'entrecroise avec d'autres arts tels que la danse, la musique live, la vidéo et les arts plastiques.
C'est à partir de ce brouillage des frontières qu'implique la performance, que l'auteur examine les conditions d'une écriture théâtrale. Que devient l'écriture dramatique ? A-t-elle encore une possibilité d'existence sur une scène qui privilégie l'instant présent, l'improvisation, le travail collectif, et la priorité donnée à l'événement ? Assiste-t-on à l'avènement d'un "théâtre postdramatique" ?
Pour tenter d'y répondre, Joseph Danan invoque Antonin Artaud et sa volonté de ne pas séparer l'art de la vie : "il faut croire à un sens de la vie renouvelé par le théâtre", qui influencera plus tard le mouvement situationniste et les théoriciens de la performance. L'esthétique d'Artaud insiste sur la primauté de la sensation sur le texte, la suppression de la barrière entre la scène et le public et la mise en scène comme point de départ de toute création théâtrale supprimant l'ancienne opposition entre auteur et metteur en scène. Le théâtre doit produire une "onde nerveuse".
Dans ce "théâtre de l'expérience", "il est clair que c'est le plateau qui prime", le processus d'écriture fictionnelle se créé à partir du plateau, la distinction entre auteur dramatique et metteur en scène s'estompe de plus en plus. Dès lors, l'auteur nous montre comment ces transformations pourraient donner naissance à de nouvelles formes de dramaticité n'isolant plus l'auteur dramatique de la pratique scénique et des "textes-matériaux", qui s'animeraient mutuellement.
S'appuyant sur des exemples théoriques (d'Antoine Vitez à Gilles Deleuze) et scéniques (John Cage, Merce Cunningham, Jan Lauwers, Angelica Liddel, etc.), Joseph Danan met en relief l'avenir de l'écriture à travers l'art de la performance. Ou comment le texte lui survivra-t-elle ?