de la libération de la femme / tahrir al-mar'a

Qasim Amin est né en 1863 à Alexandrie dans une famille aristocratique. Il bénéficie d'une éducation privilégiée dans les meilleures écoles du pays jusqu'à obtenir une licence de droit en 1881 et, après une période de stage auprès d'un grand avocat de la capitale égyptienne, il part en France compléter ses études de droit en qualité de boursier. Il va alors découvrir la vie occidentale, et ce séjour en France peut être considéré comme le moment fondateur de sa formation intellectuelle. Il y rencontre Jamal al Din al Afghani et Muhammed 'Abdu, dont il deviendra le disciple, ce qui permettra de le classer un temps comme membre à part entière du courant strictement réformiste. De retour en Égypte il rejoint les penseurs réformistes. Les raisons de la décadence, selon Qasim Amin, ne sont pas à chercher dans l'islam lui-même mais dans la disparition des vertus morales et sociales provoquées par l'ignorance, ignorance générale, ignorance des sciences modernes en particulier. Il s'agit pour lui d'une nouvelle "jâhiliyya", terme désignant la période de l'ignorance antéislamique, et la racine de cette nouvelle "jâhiliyya", c'est dans la famille qu'il faut la chercher, notamment chez les femmes qui sont les premières victimes du statut dégradant qu'elles subissent. Sa critique porte sur la coutume, les habitudes héritées du contact avec des populations conquises lors de l'épopée grandiose des premiers temps de l'islam, habitudes qui n'avaient rien de sacré mais le sont malencontreusement devenues. Il n'est donc pas inexact de considérer Qasim Amin comme un penseur arabe féministe, penseur féministe avant la lettre, dans la mesure où la place et le rôle des femmes dans la société de son époque et de son pays est véritablement son sujet de prédilection.