À quoi servent les symptômes ?

En appliquant la théorie de l'évolution de Darwin à la psychiatrie, il devient évident que les symptômes psychiatriques, aussi douloureux soient-ils, ont une fonction utile pour l'espèce humaine. Comment expliquer que ce qui est nécessaire à notre survie, à notre longévité ou à notre bien-être, nous fasse parfois aussi souffrir ? C'est ce qu'on appelle le compromis évolutif.
Patrick Lemoine examine les avantages adaptatifs de plus de 50 troubles psychiatriques. On savait déjà que l'anxiété, dans un monde rempli de dangers, favorisait la survie ; mais qu'en est-il des autres symptômes ? Les avantages sont multiples : la dépression signale un besoin d'aide et favorise des comportements pacifiques ; la schizophrénie donne accès à des informations inhabituelles et stimule la créativité ; l'idéalisme passionné contribue au sauvetage d'un groupe humain ; les comportements impulsifs sont source d'audace, d'initiative et d'adaptabilité, etc.
Bien sûr, ces symptômes sont des avantages... tant qu'ils ne deviennent pas toxiques.
Mais adopter une perspective darwinnienne positive permet de les envisager autrement : non seulement de les accepter et relativiser, mais aussi de les utiliser de manière thérapeutique, en exploitant leur potentiel positif plutôt qu'en les considérant uniquement comme des obstacles à surmonter. Juste un exemple : pourquoi ne pas tenter d'orienter la rumination d'une personne dépressive vers des thèmes plus féconds ?