Un chirurgien normand sous l'occupation

Jeune chirurgien, le docteur Frédéric Darnis respecta le serment d'Hippocrate qu'il avait juré d'honorer à la fin de ses études médicales et soigna pendant toute la durée de la guerre les blessés qui lui furent confiés. Tout d'abord comme médecin militaire, où il prit soin des blessés français, puis fidèle à son poste, il refusa de suivre l'armée française en déroute et de prendre la fuite devant les troupes Allemandes qui envahissaient Paris. Il continua d'opérer au Val-de-Grâce les nombreux blessés qui affluaient, quelque soit leur nationalité. Démobilisé, il reprit ses activités de chirurgien dans sa clinique de Vire avec toutes les contraintes liées à l'Occupation. Pendant des combats de la Libération, il maintint son activité chirurgicale auprès des nombreuses victimes des bombardements de Vire. Victime lui-même des destructions, il prit la route de l'exode et opéra sans discontinuer dans des endroits de fortune, au risque de sa vie, à proximité d'un front en perpétuel mouvement.
Le docteur Darnis est un magnifique observateur de l'Histoire, témoin et acteur des événements de la guerre, il a vécu les épreuves et les contradictions de ce conflit en les commentant dans ses carnets.
À la Libération, à l'heure où tout le monde sollicitera reconnaissance et honneurs, il ne réclamera jamais de médailles pour ses services rendus à la nation. Il restera ce héros silencieux et modeste, humaniste, estimant probablement qu'il s'était contenté de faire son devoir de médecin.
Son fils, connaissant ma passion pour cette période de l'Histoire, m'a un jour confié ces carnets. C'est à la lecture de ces vieux cahiers jaunis que je découvris l'intérêt de ces mémoires et décidais d'en faire un livre afin qu'elles ne sombrent pas dans l'oubli.