Immense plaisir de découvrir Svetlana Alexievich, prix Nobel 2015 de Littérature, qui a crée un nouveau genre de littérature à la lisière du documentaire écrit. Un bloc et un stylo à la main, elle recueille les témoignages et par la force et la puissance de son récit restitué, écrit l’histoire humaine qui se déroule dans la l’Histoire avec majuscule. Ici, l’époque après-Gorbatchev soit la fin de « l’homo sovieticus » est sculptée par un souci de vérité, celui de saisir les émotions face aux paradigmes sociaux qui changent avec leurs lots de nouveaux signifiants. Sveltana Alexievitch saisit l’instant à taille humaine et malaxe la matière première de la peur, du mensonge, de la joie, du regret de l’URSS comme habitus social face à la découverte de la pauvreté de masse en raison du néo capitalisme, de la nouvelle Russie qui, sous sa plume, n’a rien de vraiment neuf.
L’âme russe, tapie sous la grande Histoire
L’âme russe, toujours en creux, s’épanouit sous les strates de l’Histoire dans un style éblouissant et captivant. Construit sous la forme d’un recueil de chroniques, «La fin de l’homme rouge » est une très bonne entrée pour découvrir cette écrivaine majeure qui refuse et se bat contre les mythes officiels et historiques de son pays en utilisant une approche élaborée, inédite et profondément à l’écoute de cette vie, toujours en mouvement par nature, qui l’entoure. Puissant.